Octobre 2022, par S. Audali

 

Dans son récent livre Consolations, celles que l’on reçoit et celles que l’on donne (Ed. L’Iconoclaste), le psychiatre français Christophe André aborde de manière singulière et délicate la notion de consolation. Il y révèle sa réflexion issue de l’expérience du soignant et de sa vie personnelle.


« Voilà six ans, je suis tombé malade, gravement. Comme toutes les personnes menacées par la mort, j'ai trouvé que la vie était belle. Et j'ai découvert que j'avais un besoin immense de consolation. J'ai songé à ceux de mes patients qui revenaient me voir, même quand je ne pouvais les guérir. Et j'ai compris que je leur apportais peut-être alors une douceur, une fraternité, qui les aidait : une consolation. Bien plus qu'un réconfort passager, la consolation est un moyen de vivre avec les orages. Comme un fil rouge, elle court tout au long de notre vie et nous remet en lien avec le monde, explique-t-il. Comme beaucoup de soignants, je me suis longtemps concentré sur le fait d’essayer de guérir mes patients, puis je me suis rendu compte qu’un sourire sincère ou des paroles réconfortantes étaient également importantes, que les personnes qui sont dans la désolation ont besoin des deux. »

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Qu’est-ce que la consolation ? Qu’est ce qui la différencie du réconfort ? Peut-on apprendre à consoler ? Où trouver des sources de réconfort ? Pourquoi est-ce parfois si difficile de l'accepter, si délicat de la proposer ? Comment la nature, l'art, l'action nous consolent-ils ? Ce sont tous ces sujets qui sont abordés dans ce livre à l’aide d’histoires personnelles, des témoignages ou encore des éléments issus de la littérature française.

« On nommait autrefois consolation un ouvrage rédigé à l’occasion de la mort de quelqu’un, et à l’intention de ses proches. Le but en était double : témoigner de son affection et réconforter, mais aussi parler de la vie et de la mort, au-delà de la personne disparue. Les consolations les plus célèbres sont celle de Sénèque, mais il y aussi de nombreux poètes qui ont abordé cette thématique. Les poètes sont bien plus doués que les psys pour consoler. Mais il faut faire l’effort de tendre l’oreille pour bien écouter leurs mots. Ils nous parlent souvent de la mort non comme d’un phénomène angoissant ou absurde (une souffrance sans explication), non comme d’une énigme à résoudre (comme tentent de le faire les médecins) mais comme d’un mystère à accepter (il y a un sens, mais qui nous est caché). »

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La force de la consolation 

« Notre vie est émaillée d’adversités petites ou grandes auxquelles il faut faire face. Notre destin à tous est de ‘souffrir- vieillir- mourir’ mais les petits et grands bonheurs que nous connaissons nous permettent d’y faire face. A certains moments, l’accompagnement d’autrui, son amour, son espoir, même s’ils semblent inefficaces au moment même, nous consolent et nous aident à affronter l’adversité. »  La consolation, ou plutôt les consolations, permettent de nous relever, chaque fois que nous avons trébuché ou de relever nos proches quand ils sont confrontés à l’adversité. 
« La consolation, au fond, c’est la même chose que le bonheur, mais sous la lumière noire du malheur. 

 

 

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