Alimentation et survie après un cancer

Décembre 2023, par le Dr S. Audali

On le sait, on observe ces dernières décennies une amélioration considérable de la survie pour de nombreux types de cancer. Cette bonne nouvelle est principalement imputable aux diagnostics plus précoces et au succès des traitements les plus récents.
Néanmoins, pour les survivants du cancer, la question se pose toujours des possibles effets tardifs et à long terme de la maladie et de son traitement sur leur survie et leur qualité de vie.
A ce sujet, deux importantes études menées sur l’impact de l’alimentation chez les survivants d’un cancer, publiées en 2023, sont très intéressantes. Oui, la manière de s’alimenter influence la vie après un cancer !

Un régime alimentaire sain favorise la longévité et le bien-être

Dans la première étude⁽¹⁾, les chercheurs ont pris en compte 19 études portant sur 38.846 participants. Ces études ont porté sur les habitudes alimentaires après le diagnostic de cancer et sur leur lien avec la mortalité, spécifique au cancer ou pas.

Pour évaluer la qualité de l'alimentation, les études considèrent que les régimes ‘sains’ se caractérisent par une consommation élevée de poisson, de légumineuses, de fruits, de légumes et de céréales complètes, ainsi que par une faible consommation de viande rouge et de viande transformée. En revanche, les régimes ‘malsains’ se caractérisent par une forte consommation de viande transformée, de céréales raffinées, de produits d'origine animale, d'en-cas salés, de boissons sucrées, de sucreries et de desserts.

L’analyse globale de ces études a conclu qu'une alimentation globale ‘saine’ après un diagnostic de cancer pouvait favoriser et protéger le bien-être et la longévité, et que l'adhésion à ce modèle alimentaire était inversement liée à la mortalité de toutes causes confondues chez les survivants du cancer. Plus précisément, parmi tous les survivants d’un cancer, une grande adhésion à un régime alimentaire ‘sain’ est liée à une mortalité (de toutes causes) plus faible (-31%). En revanche, un modèle alimentaire ‘malsain’ est lié à une mortalité (de toutes causes) plus élevée (+ 48%).

Le régime méditerranéen permet de vivre plus longtemps après un cancer du sein

Une autre étude européenne, publiée dans BMC Medicine⁽²⁾, a observé que les femmes après un cancer du sein qui adhèrent à un régime alimentaire de type « méditerranéen » survivent plus longtemps.
Il est bien établi que la diète méditerranéenne est associée à une réduction du risque de cancer du sein mais cette étude est une des premières à examiner l’influence du régime alimentaire sur la longévité de la vie ( via la mortalité due au cancer ou à la mortalité de toute cause).

Cette étude a observé la mortalité de 13270 personnes présentant ou ayant présenté un cancer du sein dans 9 pays européens, en fonction de leur adhérence (sur une échelle de 0 à 16) à un régime alimentaire de type méditerranéen.
La longévité de vie moyenne observée après le diagnostic de cancer du sein est de 8,6 ans. Une faible adhérence (score 0 à 5) au régime sain par rapport à une adhérence moyenne (score entre 6 et 8) est associée à un risque de mortalité de toutes causes augmenté de 13%.

Chaque augmentation du score d’adhérence au régime méditerranéen de 3 est associée à un risque de mortalité (de toutes causes possibles) diminué de 8%. Le même constat est valable pour les femmes post-ménopausées.

Ces observations suggèrent donc bien que le régime méditerranéen doit être encouragé au maximum après un cancer du sein.

La diète Méditerranéenne en quelques mots :

Végétaux à volonté

Fruits et légumes à tous les repas, en bonne quantité, crus ou cuits, les fruits secs et oléagineux sont aussi les bienvenus ! Varier les couleurs et toujours choisir des végétaux de saison.

Féculents et légumes secs

Ce sont les premières sources d’énergie de cette alimentation. De préférence complets, les féculents figurent à la plupart des repas. Les céréales et les légumes secs sont privilégiés, sans oublier les tubercules.

L’huile d’olive comme meilleure alliée

L’huile d’olive se consomme à toutes les sauces, en cuisson, seule ou accompagnée (d’huile de colza par exemple). Elle remplace le beurre et les autres matières grasses.

Des protéines animales de qualité

Gros ou petits poissons, fruits de mer ou même algues, les produits de la mer sont consommés régulièrement, de même que les œufs de poules élevées en plein air ou aux graines de lin. La viande blanche est elle aussi au menu mais sans abus. La viande rouge, les charcuteries, occupent une place moins importante. On peut cependant suivre un régime méditerranéen végétarien.

Des produits laitiers en quantité modérée

Les régions méditerranéennes ne sont pas des terres d’élevage mais on y trouve quand même des troupeaux de brebis ou de chèvres. C’est pourquoi les laitages font partie de l'alimentation méditerranéenne, en quantité modérée, et plutôt sous forme de fromages frais et de yaourt. Privilégier les produits laitiers à base de lait de chèvre ou le lait de brebis.

Un peu d’alcool (1 verre par jour max.) au cours des repas

Références :

(1) Spei, M.-E.; Bellos, I.; Samoli, E.; Benetou, V. Post-Diagnosis Dietary Patterns among cancer Survivors in Relation to All-Cause Mortality and Cancer-Specific Mortality: A Systematic Review and Meta-Analysis of Cohort Studies. Nutrients 2023, 15, 3860. https://doi.org/10.3390/nu15173860

(2) Castro-Espin C, Bonet C, Crous-Bou M, Nadal-Zaragoza N, Tjønneland A, Mellemkjær L, Hajji-Louati M, Truong T, Katzke V, Le Cornet C, Schulze MB, Jannasch F, Masala G, Sieri S, Panico S, Di Girolamo C, Skeie G, Borch KB, Olsen KS, Sánchez MJ, Amiano P, Chirlaque MD, Guevara M, Sund M, Bodén S, Gunter MJ, Gonzalez-Gil EM, Weiderpass E, Aguilera-Buenosvinos I, Tsilidis KK, Heath AK, Aune D, Dossus L, Agudo A. Association of Mediterranean diet with survival after breast cancer diagnosis in women from nine European countries: results from the EPIC cohort study. BMC Med. 2023;21(1):225. doi: 10.1186/s12916-023-02934-3.