Que ce soit à l’occasion de la Tournée Minérale, de la découverte des résultats d’une analyse de labo ou de la lecture d’un article santé, il nous arrive à tous de nous questionner sur notre consommation d’alcool et d’envisager de boire moins… sans devenir ascète ni nous priver des plaisirs de la vie. Enquête et témoignages.

Rédaction : Doumé

Un mode de vie sain passe, d’après toutes les recommandations d’experts de la santé et de la prévention des maladies, par une consommation raisonnée voire l’absence de consommation d’alcool. En effet, même si le vin rouge contient des molécules (polyphénols principalement) favorables à la prévention cardiovasculaire, l’alcool est aussi largement responsable de problèmes physiques (au niveau du foie, cancers, etc…), de comportements liés à l’ivresse (désinhibition, violence, etc…) et constitue un facteur de risque de troubles mentaux (addiction, interactions avec des médicaments psychotropes, maladies mentales, etc…).

« J’ai toujours bien résisté à l’alcool. Je le supporte bien et en consomme avec plaisir depuis l’âge adulte. Avec les années, c’est devenu une habitude : apéro pendant la préparation du repas et vin en mangeant. Il est vrai que je m’endors facilement après le repas, n’ai pas les mêmes réflexes mais je ne fais de tort à personne. J’ai eu un véritable choc lorsque mes enfants m’ont qualifié d’alcoolique et que mon médecin l’a confirmé ! » explique H., 52 ans
« J’ai fait plusieurs fois la Tournée Minérale et j’ai toujours accompagné mes filles et belles-filles dans leur non consommation d’alcool durant leurs grossesses. Je sais donc qu’il ne m’est pas difficile de me priver d’alcool, que je ne suis pas ‘addict’ mais, par contre, j’adore la vue d’un beau verre à vin sur une jolie table et le fait de déguster lentement un bon breuvage en conversant. » témoigne M., 66 ans.

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Vins désalcoolisés : une tendance-mode

La popularité des bières et des vins sans alcool dans notre pays a considérablement augmenté ces dernières années. En 2018, le SPF Finances a enregistré 239 294 hectolitres (près de 24 millions de litres) de bières et de vins sans alcool sur base des déclarations des droits d'accise. C'est presque trois fois plus qu'en 2013 ! Les producteurs s’y sont donc mis en nombre, pour offrir un panel plus large de produits aux propriétés gustatives différentes, grâce à des techniques plus performantes.

Il existe à ce jour 3 catégories de vins sans ou légers en alcool :

  • Les vins ajustés : Il s'agit de retirer 1% à 2% vol. d'alcool, soit pour réduire un degré jugé trop élevé d'alcool, soit pour assurer une standardisation.
  • Les vins légers en alcool (Lifestyle wine) : Il s'agit de nouveaux produits entre 6% et 10% vol. d'alcool qui sont destinés à revenir sur la table pour une consommation plus légère.
  • Les vins sans alcool (0,5% ou 0,0%) : Il s'agit de nouveaux produits destinés à des personnes ou des situations dans lesquelles l'alcool n'est pas recommandé. Le produit vient alors se présenter comme une alternative au vin ou à d'autre sodas ou jus.

Et il existe plusieurs méthodes pour désalcooliser un vin :

  • L’évaporation sous vide : Il s'agit de séparer l'alcool et les arômes du produit grâce à un principe de distillation. Cette technologie utilise le principe d'évaporation sous vide en couche mince dans des colonnes de distillation. Il est possible de désalcooliser le produit jusqu'à 0.02% volume et de rajouter les arômes récupérés dans le vin désalcoolisé.
  • L’osmose inverse : Le procédé consiste à éliminer les solvants à travers une membrane spécifique sous l’action d’une pression supérieure à la pression osmotique du vin.
  • La Colonne à cônes rotatifs (CCR) : La technologie "Spinning Cone Column" utilise le principe d'évaporation sous vide en couche mince créée par la rotation de cônes.

Mais on peut aussi agir en amont, grâce à une récolte anticipée du raisin, pour que celui-ci contienne moins de sucre, ou stopper la fermentation à un stade précoce par exemple.

« Je vous avoue que j’ai eu du mal à comprendre pourquoi un vin sans alcool était si cher pour un «’petit’ vin. Lorsqu’on comprend la technique utilisée, cela se justifie. Au niveau du goût, j’ai beaucoup testé et dégusté pour découvrir quels cépages et quelles méthodes me plaisaient le plus. » continue H.

Jusqu’au restaurant gastro

Le Chef étoilé à la tête du restaurant gastronomique “L’Air du Temps”, Sang Hoon Degeimbre, est créatif et stimule en permanence son imagination. Après la sélection d’eaux que l’on peut retrouver à sa carte, il a désormais imaginé une boisson sans alcool dont le but est de remplacer le vin à table. “Au restaurant, c’était frustrant de voir certaines personnes faire tout un repas à l’eau”, confie Sang Hoon Degeimbre. “Dans certains restaurants, on propose des jus de légumes ou de fruits, mais c’est lourd, c’est comme si on proposait aux clients de manger deux fois.” C’est pourquoi le chef a imaginé “Osan”, une boisson capable d’offrir le même degré de satisfaction qu’un bon verre de vin. Il s’agit d’une boisson née d’un procédé de macération biologique végétale et florale sur base de la cryogénisation, la macération et la dynamisation. On déguste cette boisson, en version rouge, blanc et rosé, comme si on découvrait un verre de vin. “On va le remuer, le sentir et le faire tourner dans son verre avant de le déguster” explique Sang Hoon Degeimbre.

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Comment faire son choix ?

Sachez qu’il existe des vins blancs, rosés et rouges adoucis en alcool mais aussi des vins pétillants. A vous de mettre le doigt sur votre besoin ou envie de consommation le plus fort et de goûter plusieurs marques afin de vous faire une idée… Le cépage et la méthode influencent considérablement le goût, la température de dégustation aussi.
« La première impression n’a pas été bonne : cela ne goûte pas le vin ! Mais après avoir comparé divers vins, j’ai jeté mon dévolu sur un rosé à base de cépage Tempranillo, que je bois avec des glaçons et un rouge Cabernet-Sauvignon. Cela n’a pas le même goût qu’un vin classique mais c’est plus goûteux que de l’eau et c’est moins calorique qu’un soda. De plus, je retrouve le plaisir du grand verre à vin. » rajoute M., qui a perdu 5 kg rien qu’avec cette habitude.

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