Décembre 2023, par le Dr S. Audali

 

Après une ablation d’une partie de son corps, ou une chimiothérapie, il est très fréquent qu’on ‘’ne puisse plus se voir’’, dans le miroir ou en photo. En effet, les dommages subis par le corps sont non seulement des cicatrices visibles des douleurs physiques et mentales qu’on a subies mais aussi le rappel insidieux du fait qu’une partie de notre vie, avant la maladie, est bel et bien finie.


Si, après une période plus ou moins longue selon les individus, on parvient à passer à autre chose, à tourner la page, notre corps reste toujours l’image première à laquelle les personnes autour de nous sont confrontées. On est conscient que notre apparence influe sur nos contacts sociaux, sur les jugements des autres. Et puis, l’image que l’on voit de soi, avec nos qualités et nos défauts, joue un rôle considérable sur l’estime de soi, un des piliers de la résilience.

 

 

Réparer avec des photos

La photothérapie psychologique (à ne pas confondre avec la photothérapie dynamique, un traitement des tumeurs par la lumière) vient des pays anglo-saxons et vise à accompagner les personnes qui ont des difficultés à accepter leur corps, qui manquent d’estime d’elles-mêmes à cause de leur image. Les raisons peuvent en être multiples : surpoids, maigreur, aspect de la peau, forme du nez, des yeux, du visage, taille, etc. Mais aussi, vieillissement ou évolution du corps en raison d’une maladie, d’un traitement, etc. 

Les techniques utilisées sont multiples et individualisées. En voici quelques exemples :

  • Placer une photo d’une personne dans un univers imaginé ou dessiné par elle. 
  • Faire un gros plan sur une partie du corps qu’on apprécie fort.
  • Dessiner sur son corps (des cœurs, des fleurs, etc.) et en prendre une photo.
  • Demander à un photographe professionnel de faire une séance de prises de vue « comme si l’on était acteur du film de sa vie ».
  • Psychothérapie par médiation photographique :
  • Raconter qui on est en commentant une photo de soi.
  • Apprendre à prendre des selfies, puis les présenter oralement à son psy.

 

« L’image de soi c’est aussi le regard que les autres portent sur vous, c’est impossible de ne pas en tenir compte. Publier une photo de soi, c’est accepter que les autres posent un « jugement » sur vous. Il est important dans le cheminement d’une séance de se confronter aux regards des autres, ils vous nourrissent de positif, faites confiance, et croyez tous ces mots doux vous concernant. C’est un énorme bénéfice pour l’image de soi. » nous explique Laurence Delespaux, infirmière et photothérapeuthe.

Phototherapie

« Le fait de se mettre en scène et de choisir ce qu’on va montrer de soi est une manière de se réapproprier les événements.» déclare quant à elle Pascale Darson, qui s’est photographiée à toutes les étapes de prise en charge de son cancer du sein, puis après. 

 

Elodie Sueur, photothérapeute, ajoute : « La photographie est un outil très puissant qui permet de se confronter au réel, de se faire face, et de sortir du déni. ​Elle permet de se regarder autrement, sans filtre en laissant émerger les peurs, les blocages, les croyances, les traumatismes enfouis profondément en nous afin de s'en libérer et de se réapproprier son corps et son image. ​Afin de s'aimer progressivement sans conditions...

 

 

Sources :

- S. Lantheaume et al., Annales Médico-Psychologiques (2016) ; 174 : 366–373

http://www.elodiesueur-monsenert.com/phototherapie

https://www.photographiedelle.be/photocoaching.php

https://www.instagram.com/un_cancer_pour_quoi_faire/?hl=fr

 

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