L’interview de Maxime Dahan
Le jeune auteur du livre Namaste Cancer, le pouvoir de l’optimisme
Juin 2022, par D. Léotard
Nous avons rencontré chez lui Maxime Dahan, l’auteur du livre Namaste Cancer* dans lequel il livre sa propre histoire en compagnie du cancer.
Aujourd’hui, Maxime, 34 ans, se décrit lui-même comme « un ancien cancéreux, écrivain et yogi. » Il a aménagé l’ancienne maison de sa Grand-Mère en un Ashram, un lieu d’accueil, un centre de méditation et de yoga, destiné à accompagner tous ceux qui, du plus jeune au plus âgé, cherchent un enseignement d’ouverture à la spiritualité ou un équilibre de vie et il enseigne le yoga.
Qui aurait pu dire cela du jeune Maxime qui parcourait le monde, parachutiste dans les Forces de défense d’Israël, entrepreneur de start-up, le product manager idéal ? Qui aurait pu dire cela du fils d’un psy et d’une avocate de renom bruxellois ?
Personne, à part le destin qui le touche ce jour de 2017 à Milan, où il vient de déménager pour entamer un nouveau parcours de vie de parfait High Tech Specialist…
Quelques semaines plus tard, de retour en Belgique, le diagnostic lui est annoncé : il souffre d’un lymphome, un cancer du sang, hyper rare et à un stade déjà avancé. Chances de survie : 30%.
Conformément à ce que son profil de personnalité prédisait, il se plonge dans la recherche d’informations, découvre, apprend, et s’en remet avec confiance à ses médecins tout en entamant une recherche beaucoup plus intime, celle de ce que signifie sa vie et comment il va affronter cette épreuve.
Le verre à moitié plein
Très vite, alors qu’il subit des chimio et radiothérapies puissantes, qu’il est confiné dans une chambre stérile, il décide d’organiser sa vie quotidienne de manière optimiste, en faisant appel entre autres à « des supporters », des membres de son entourage à qui il attribue une ou plusieurs tâches spécifiques. Il place l’espérance et l’optimisme au premier plan de son mental et pratique l’humour à l’envie, pour dédramatiser. Et il comprend la chance qu’il a d’être si bien accompagné, si bien soigné. Il comprend que c’est le choix de chaque malade, de réagir, d’agir, de réfléchir… Il continue sans relâche à s’informer, il prend des notes, il entame la mise en forme de sa propre stratégie face à la maladie, celle d’oser demander de l’aide, de fêter les petites victoires et joies, de ne pas être dans le déni mais pas non plus dans le pessimisme.
Alors, une fois qu’il va mieux, qu’il est en rémission, il décide de partager tout cela. Il rédige un livre qui entraîne le lecteur dans le voyage de l'inconnu, avant le diagnostic, puis des traitements de la maladie aux différentes étapes de la guérison. Il fait découvrir avec humour comment il a remporté, avec l'aide de ses nombreux supporters, la « plus grande bataille de sa vie ». Le récit est suivi d'un Guide Imparfait... une liste de conseils, inspiré de son expérience, pour encourager les patients et leur entourage à mieux appréhender la maladie. Mais ce livre s’adresse aussi aux soignants, pour qu’ils puissent se mettre « à la place » ou « dans la tête » des malades qu’ils accompagnent.
5 ans plus tard
Maxime Dahan nous explique : « Je ne suis plus la même personne que celle qui est devenue malade. Je continue à m’informer sur les influences du mode de vie sur la maladie mais je suis aussi dans l’introspection, je remets les choses à plat, je profite à fond du moment présent et je tente de vivre en mode ‘slow’». Ce changement a été progressif et je suis encore en train de déconstruire certaines habitudes tandis que j’en construis d’autres. Il faut que parfois je lutte contre l’impatience et contre mon égo. Je me rends compte de l’importance de tous les stress auxquels nous sommes soumis, que tout va trop vite, qu’on n’accorde pas assez d’importance au moment présent…
Je suis aussi devenu beaucoup plus alerte aux signaux de mon corps, mon cerveau est humble face à lui, et je tente de ne pas polluer mon esprit avec des infos telles que les actualités par exemple. En réalité, je me sens bien, j’avance sans crainte. Je suis heureux de développer un lieu d’accueil, pour tous ceux qui ont le besoin, malades ou non, de se déposer, de se reposer, en communauté.
Et j’ai moins peur de la mort. Moi, je crois que la mort, c’est la fin de la vie mais je crois en l’âme, celle qui fait le souvenir qui accompagne les vivants…
Saisir l’opportunité
« Pour moi, le cancer a été un déclencheur. Comme tout obstacle, il peut être considéré comme une opportunité. Celle de comprendre certaines choses, de réagir à sa manière, de trouver sa propre vérité, son chemin individuel. Je crois que chaque épreuve de la vie est là pour nous faire comprendre quelque chose. Face à l’épreuve, nous avons le choix, celui du déni et du plongeon qui s’ensuit est malheureusement celui qu’adopte la majorité des gens, et puis il y a ceux qui recommencent comme avant, sans avoir analysé les choses. Pour ma part, j’ai pu trouver la force d’être acteur de ma vie de malade et considérer cette maladie comme une opportunité. »
Devenez acteur de votre vie
Maxime est un peu embêté lorsque je lui demande quel message il veut communiquer aux lecteurs de la plateforme MHML. « Je n’aime pas donner des conseils, mais je crois que l’humain est fait pour communiquer. Même si on n’a pas l’habitude de parler de soi, il faut essayer de sortir de sa zone de confort, on n’a rien à perdre, on peut demander de l’aide, on peut être écouté sans être jugé. Les groupes de soutien sont importants, les autres vivent aussi une épreuve. Et de nombreuses personnes dans notre entourage sont pleines de compassion et d’empathie. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise manière de demander du soutien, soyez le chef de votre équipe, construisez votre équipe de supporters dans votre entourage, eux en trouveront d’autres ! Et puis, cherchez l’opportunité qui se cache derrière la maladie, donnez-lui un sens, devenez-en l’acteur principal.
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*Namaste cancer : le pouvoir de l'optimisme de Maxime Dahan, Hugo Doc éd., collection New Life, paru le 20/01/2022
BE2205182071 – 18/05/2022
