Novembre 2023, par S. Audali

 

Mike Horn, tout le monde le connaît, c’est la Star de l’aventure, le baroudeur, le marin, le champion des expéditions autour du Monde dans des conditions hostiles. C’est aussi le fantastique coach des participants aux émissions télévisées telles que ‘The Island’ ou ‘A l’état sauvage’, ou à des séminaires de dépassement de soi qu’il a animés en Français et Néerlandais dans notre pays !
Mais Mike Horn, c’est aussi un père de famille, qui a perdu son épouse, l’amour de sa vie, beaucoup trop tôt, des suites d’un cancer du sein. Pour elle, il continue de vivre ses rêves, ses expéditions, et aujourd’hui, à 57 ans, c’est aussi dans le respect de la nature qu’il s’investit, toujours en hommage à Cathy.

Mike Horn est né le 16 juillet 1966 à Johannesbourg en Afrique du Sud, où il passe son enfance et étudie les Sciences lorsqu’il ne fait pas de sport. Lorsqu’il a 18 ans, son père décède à l’âge de 42 ans. Un premier coup dur pour cet ado toujours en mouvement et à la recherche de l’adrénaline, qui disait toujours à son père que la vie était très courte et qu’il ne fallait pas perdre trop de temps à dormir ….Il quitte l’Afrique du Sud en 1990 pour s’installer en Suisse et commence à voyager en Europe où il travaille d’abord en tant qu’instructeur de ski et guide de rafting et canyoning. Il  rencontre très vite Cathy, originaire de Nouvelle-Zélande, infirmière de formation. Très rapidement, le couple fonde une famille : Annika voit le jour en 1993 et Jessica l’année suivante. Cathy devient son bras droit et coordonne ses expéditions en s’occupant de la logistique, des ravitaillements et de la communication. Depuis, il multiplie les exploits inédits.

Mike Horn réalise un tour du monde par l’équateur (40 000 km) en 17 mois sans moyen de transport motorisé, puis se lance dans le tour du cercle polaire en solitaire, à pied, vélo, kayak, voilier, ski et ski tracté par cerf-volant. Durant l'hiver 2006, Mike Horn part pour un voyage de 60 jours et un périple de 1 000 km sur des skis sans chien ni transport motorisé pendant la nuit arctique, avec l'explorateur norvégien Børge Ousland. En 2007, Mike Horn et ses 3 équipiers atteignent le sommet du Gasherbrum 1 (8 035 m) sans oxygène, et il effectue à partir de 2008 une nouvelle expédition baptisée Pangaea, du nom de son bateau à voile de 35 m en aluminium. Il s'agit d'un tour du monde par les cinq continents et toujours sans aucun moyen de transport motorisé.

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Alors que Mike est en Antarctique sur le chemin du pôle Sud, c'est le drame. Cathy Horn découvre qu'elle est atteinte d'un cancer du sein. "Je n'oublierai jamais ses mots : Tout ce que vous pouvez faire si vous rentrez maintenant, c'est me tenir la main, et je n'ai pas besoin de ça maintenant. Ça, c'est mon voyage. Quand j'aurai besoin que tu me tiennes la main, je te le dirai.'", raconte l'aventurier qui décide alors d’inviter des jeunes entre 15 et 20 ans à le rejoindre au cours des diverses étapes de son voyage, suivant la devise « explorer - apprendre - agir ». Il continue de préparer ses expéditions avec Cathy, qui le pousse à continuer.
 

Le départ de Cathy

En février 2015, Cathy, celle qui partage sa vie depuis 25 ans, décède à l’âge de 52 ans. « Cathy a été emportée par un cancer du sein, me laissant orphelin de cœur, seul avec nos deux filles. Perdre ma femme, pour moi, c’était pire que perdre la vie. J’ai toujours pensé que mon goût du risque et de l’aventure extrême me conduirait presque inéluctablement vers une fin violente et précoce. Jamais je n’aurais pu envisager que ce soit elle qui parte avant moi. Cathy, mon amour, mon ancre, ma boussole… » L'aventurier décide alors de recentrer sa vie sur ses filles : "Nous avons tous réalisé que nous devions passer du temps ensemble à redéfinir notre relation. Toutes les deux ont pris une pause de l'université et nous avons traîné à 3 dans l'appartement".

Mais avant de s’éteindre, Cathy lui fait promettre de respecter un ultime vœu : "Vis pour moi, Mike, vis pour nous deux !" Ce sont ses filles qui rappelleront à l’aventurier cette promesse. "Tu n’avais pas commencé à préparer un truc avec maman ?", lui lance un jour Annika. "Un truc genre traversée du Pôle Sud, celle qui n’a jamais été accomplie par aucun homme. Tu te souviens des paroles de maman ? Vivre encore et toujours, vivre pour elle, pour nous aussi. Aujourd’hui, maman n’est plus là, mais c’est nous, tes filles, qui te demandons de partir là-bas et de réaliser ce rêve. Neuf semaines après le décès de ma femme, nous avons quitté la Suisse et commencé à traverser l'Europe et l'Asie vers le camp de base de K2 à la frontière entre le Pakistan et la Chine. J'avais tenté de faire un sommet l'année précédente mais j'avais été repoussé par la météo. Je pensais que nous pourrions honorer l'héritage de ma femme en faisant tous les trois quelque chose d'extraordinaire", confie l'aventurier.


Revigoré, Mike Horn reprend alors le projet là où il l’avait laissé avec Cathy. Une expédition sans précédent, où il doit tout d’abord affronter les mers du Sud en bateau, se frayer un chemin entre les icebergs, avant d’entamer la traversée proprement dite de l’Antarctique tout seul, par - 40 °C sur 5100 km, en tirant derrière lui un traîneau de 256 kg. Il va aller jusqu’au bout de lui-même. Mais ce qui lui permettra d’aller réellement au-delà de ses forces, c’est cette promesse faite à son épouse et qui revient sans cesse : "Vis pour moi, vis pour nous deux." Le fantôme de Cathy l’accompagnera tout au long de ce périple. "Chaque jour, chaque heure, chaque minute, je pense à elle. Son ombre plane au-dessus de moi. Elle est là, dans mon subconscient. Je n'ai réalisé qu'après son départ combien elle avait fait pour planifier toute la logistique, le soutien et la promotion. Mais son plus grand rôle me poussait à toujours rêver plus grand".

 

Aujourd’hui, Mike veut vivre et se lance un nouveau défi

Lors de sa dernière grande expédition, Mike a frôlé la mort de très près.  « Pendant 30 ans, j’ai vécu dans l’état d’esprit de ne pas savoir si je serais vivant le lendemain. Aujourd’hui, cela a changé, je ne veux pas mourir. J’ai une famille, des amis, et ma vie a sûrement plus de valeur pour moi qu’elle n’en avait avant. Quand on se met à avoir peur, on ne prend plus de plaisir. Donc je me suis dit : Mike, il faut savoir écouter la peur, elle te garde vivant parfois. Il est peut-être temps de t’investir en faisant des choses qui serviront à la planète, qui te permettront de motiver les gens, de leur apprendre les beautés de la Terre, de rendre à la nature, autrement. 

"Aujourd’hui, je vais donc aussi jouer un rôle dans la protection de la nature et sa biodiversité. C’est mon aventure ultime, dans laquelle je suis toujours accompagné par l’enthousiasme de Cathy.La préservation de notre planète est devenue ma mission principale. Je tiens à laisser la planète dans un meilleur état que celui dans lequel je l’ai trouvée. » Et son optimisme est inoxydable. "Un pessimiste, c’est un optimiste qui a beaucoup d’expérience. C’est pourquoi j’aime travailler avec les jeunes : eux, au moins, ils y croient encore. "

 

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